QUE PENSER DES PESTICIDES ????????

Que penser des pesticides ?


Plusieurs plantations de bananiers sont contaminées par le chlordécone.
Photo © Getty Images

Vin, bananes, choux : les pesticides sont partout et de plus en plus d'études tendent à prouver leur nocivité pour la santé humaine, sans parler des dégâts pour l'environnement. Pour prendre l'un des derniers exemples en date, focalisons-nous sur le problème des bananes antillaises. En effet, des données accumulées en 2007 montrent que les niveaux d'exposition chronique au chlordécone, pesticide interdit depuis 1993, restent élevés pour certaines catégories d'aliments dont la banane, le choux caraïbe et les poissons. En fait, bien que le chlordécone ne soit plus utilisé depuis plus de 10 ans, sa rémanence dans l'environnement fait qu'il a continué de contaminer plusieurs catégories d'aliments. Pour éviter que la population ne consomme ces denrées contaminées, plusieurs mesures sont mises en place par les autorités sanitaires.

Comme le rapporte Michel Lafont, agro-économiste à la chambre régionale d'agriculture de Normandie, "il y a souvent 10 ans entre l'identification d'un problème et la mise en place des premières mesures de protection des consommateurs. Cela est évidemment préjudiciable au consommateur, mais a également pour conséquence d'éroder la confiance des citoyens envers les autorités censées les protéger."(1)


De sérieux soucis pour la santé

Les pesticides posent un véritable problème de santé publique puisque présents partout, en faible quantité certes, néanmoins consommés sur de très longues périodes, ils peuvent causer de sérieux soucis de santé. Parmi les risques pour la santé, des études scientifiques (menées par l'UE et l'OMS notamment) ont mis en avant, selon le type de pesticides et la durée d'exposition, une augmentation de la probabilité de développer un cancer, des malformations congénitales, des problèmes d'infertilité, des problèmes neurologiques ou encore un affaiblissement du système immunitaire.

Plus de 23% des aliments végétaux contiennent plusieurs résidus de pesticides, jusqu'à 8 différents ! On trouve des résidus de pesticides dans les poissons (saumon, thon..), dans les fruits de mer (moules, huîtres…) et même parfois dans la viande de bœuf ou le lait ! Il y a également des résidus de pesticides dans l'eau, dans certains jus de fruits et dans les vins. A ce propos, une étude coordonnée par Pesticides Action Network Europe et soutenue par Greenpeace Allemagne (1) a mis en évidence que 100% des vins conventionnels testés (34 bouteilles de vin rouge en provenance de France, d'Autriche, d'Allemagne, d'Italie, du Portugal, d'Afrique du Sud, d'Australie et du Chili) sont contaminés par des pesticides. Bien que les niveaux de contamination soient inférieurs aux limites maximales autorisées, ils n'en restent pas moins inquiétants car il est impossible, à l'heure actuelle, de connaître leurs effets sur la santé humaine sur le long terme.

Label bio

S'il est pratiquement impossible de vérifier la teneur en pesticides des aliments de la grande distribution, il est possible, en revanche, de veiller à acheter des aliments sains. La réponse : l'agriculture bio. Le label bio ne peut être obtenu que si certaines conditions sont respectées, et parmi elles, figure l'absence de pesticides.
Le label Agriculture Biologique (ou label AB) est un label de qualité français, créé en 1985, et défini par le ministère français de l'Agriculture. Ce label garantit notamment que l'aliment est composé d'au moins 95 % d'ingrédients issus du mode de production biologique, mettant en œuvre des pratiques agronomiques et d'élevage respectueuses des équilibres naturels, de l'environnement et du bien-être animal. L'agence française de sécurité sanitaire des aliments reconnaît d'ailleurs que "le mode de production biologique, en proscrivant le recours aux produits phytosanitaires de synthèse, élimine les risques associés à ces produits, pour la santé humaine." (3)
Il existe également un label bio européen mais celui-ci est critiqué par de nombreuses ONG, notamment parce qu'il autorise la présence de pesticides et qu'il est beaucoup plus permissif quant à la présence d'OGM. Alors, se dirige-t-on vers une diminution de l'utilisation de ces pesticides dans l'agriculture conventionnelle ou, au contraire, vers une normalisation de leur utilisation ?
Une chose est sûre, c'est que pour être certain d'éviter d'ingérer des pesticides, il faut soit pouvoir contrôler tout le circuit alimentaire, soit alléger son porte-monnaie en achetant bio.

(1) Source : conférence " Faut-il avoir peur de notre alimentation de demain, organisée dans le cadre de la journée " qu'est-ce qu'on mange ", 23 avril 2008